Comment ré-ensauvager les jardins ?

Chaque jeudi, recevez une fiche pour : apprendre à reconnaitre une espèce, comprendre son rôle dans l'écosystème et savoir comment la favoriser. Car comprendre c'est le début de la préservation 🐞

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Par Quentin Laviepartout
23 nov. · 3 mn à lire
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Ce papillon va traverser l'Europe

Comme les oiseaux, certains insectes migrent pour éviter l'hiver. C'est le cas du Vulcain, un des derniers papillons à fréquenter nos jardins avant l'hiver.

 © Luc Viatour © Luc Viatour

Difficile à écrire

Bonjour c’est Quentin et cette semaine, il faut que je vous avoue quelque chose. J'’ai eu bien du mal à trouver l’énergie pour écrire le sujet de ce jeudi. Sûrement que la mélancolie de l’automne m’a un peu paralysé.

Pourtant j’adore l’automne, avec ses couleurs et sa lumière rasante qui marque les reliefs. J’aime tellement cette saison que j’ai souhaité lui dédier une saison de mon podcast (je vous mets
un lien ici), c’est dire si en général ce moment de l’année m’inspire. Mais devant ma page blanche, j’ai eu comme un trou. Heureusement ça n’a pas duré.

La vue depuis les hauteurs de mon village La vue depuis les hauteurs de mon village

Habituellement pour trouver ce que je vais vous raconter, je vais au jardin. J’observe les insectes passer des fleurs en fleurs et je regarder voler les oiseaux chanteurs. Cela me nourrit et me permet de trouver le thème que j’ai envie de vous partager.

Mais en ce moment l’effervescence de l’été est déjà loin.

Sauf qu’une surprise arrive toujours et en allant chercher une poire au verger : je suis tombé sur le sujet d’aujourd’hui. Un papillon noir et rouge était en train de siroter le jus fermenté d’une poire tombée au sol. Ce papillon, c’est le Vulcain et c’est lui que nous allons découvrir aujourd’hui.

Vulcain sur une marguerite © Thomas BressonVulcain sur une marguerite © Thomas Bresson

Vulcain sirotant le jus d'une pomme © Thomas BressonVulcain sirotant le jus d'une pomme © Thomas Bresson

Le flamboyant Vulcain

Le Vulcain (Vanessa atalanta) est un papillon très connu. Vous l’avez surement déjà aperçu. C’est un des premiers papillons à apparaître au printemps. Il peut être aperçu dans de nombreux milieux et n’est pas très difficile question nourriture, car il butine un grand nombre de fleurs. Sa chenille se nourrit d’orties. Encore une raison de laisser des massifs de cette plante chez vous, car nombreux sont les insectes à en avoir besoin pour se reproduire.

Magnifique oeuf de Vulcain © Gilles San Martin Magnifique oeuf de Vulcain © Gilles San Martin

Sa chenille mangeant des orties © Michel EhrhardtSa chenille mangeant des orties © Michel Ehrhardt

Au printemps il traverse l’Europe

Le vulcain est un papillon migrateur. Il passe la période froide dans le Sud et remonte dans le Nord tout au long du printemps. En gros, chaque génération remontera de plusieurs centaines de kilomètres depuis le Sud de l’Europe, puis fera une pause pour se reproduire. C’est bien différent de la migration des oiseaux, qui eux la font d’une traite et en une seule génération.

Les papillons Vulcain eux, font une migration sur plusieurs générations qui s’étale sur toute l’année.

La première génération remonte vers le NordLa première génération remonte vers le Nord

Reproduction et naissance des chenilles dans les orties Reproduction et naissance des chenilles dans les orties

Hop une nouvelle génération monte encore Hop une nouvelle génération monte encore

Et nouvelle reproduction dans les orties Et nouvelle reproduction dans les orties

Évidemment tous les papillons Vulcain ne montent pas jusqu’en Suède ou en Norvège. Certains préfèrent rester dans nos jardins français.

Mais je voulais vous partager la migration “aller” pour mieux vous parler de la migration de “retour”.

En automne il nous quitte pour le Sud

Dès la fin de l’été, les Vulcains commencent à quitter le Nord de l’Europe, pour passer l’hiver au Sud. Cette année ils sont restés un peu plus longtemps chez moi dans les Hautes-Pyrénées. L’automne très doux leur sans doute laissé plus de temps de faire des réserves avant de continuer leur route.

En automne les Vulcains ADORENT passer du temps dans les jardins et les vergers.


Leur but : trouver des fruits tombés au sol. Pour les ouvrir, ils peuvent compter sur les guêpes et les frelons. Ces insectes ont de puissantes mandibules capables d’ouvrir la chair des fruits. Après leur passage, les papillons viennent siroter le jus riche en sucre et en énergie qui en suinte. Une aubaine pour ces grands voyageurs.

L’ivresse du papillon

Le Vulcain a une grande préférence pour les fruits bien fermentés. Si le fruit sens l’alcool, c’est que c’est le bon moment pour se poser dessus. J’ai même l’impression que l’alcool les rend ivres. Après avoir passé du temps à “boire”, ces papillons mettent plus de temps à s’envoler quand j’essaye de les approcher.

Un Vulcain passant du bon temps Un Vulcain passant du bon temps

Une fois arrivées sur leur zone d’hivernage, ils se reproduiront. À cette époque leurs chenilles se développeront un peu au ralenti, le froid ralentissant leur activité.

Vulcain passant les montagnes enneigée en toute fin d'automne © lepido.chVulcain passant les montagnes enneigée en toute fin d'automne © lepido.ch

Ça c’est pour le voyage du Vulcain. Mais savez-vous qu’il a une cousine encore plus grande voyageuse ? C’est la Belle-Dame (Vanesse Cardui). C’est la star d’un des épisodes du podcast 👇

Le papillon qui traverse la Méditerranée et… le Sahara

La migration du papillon Belle-Dame est encore plus formidable que celle du Vulcain. Dans cet épisode nous irons au Maroc, traverserons l’Espagne et la France pour découvrir l’épopée de ce tout petit animal. Une mystérieuse migration, qui change notre perception du monde des insectes. J’espère que ça vous plaira

Mais du coup quel rapport avec le ré-ensauvagement ?

La migration des insectes est peu connue. Pourtant elle nous indique que le monde vivant est en constant mouvement. Si nous autres humains sommes devenus sédentaires, ce n’est pas le cas d’un très grand nombre d’espèce.

Les oiseaux pâtissent du changement climatique, c’est aussi le cas pour les insectes. Sauf qu’une autre menace pèse sur ces voyageurs : la destruction des habitats naturels. Les migrateurs ont besoin d’écosystèmes grouillants de vie pour refaire le plein d’énergie. C’est là que votre jardin peut jouer son rôle.

En plantant des arbres à baies (aubépines, églantier, sureau) et en laissant pousser l’herbe, vous offrirez un repas salvateur à ces grands voyageurs. D’ailleurs c’est pour ça que j’ai créé le coffret pour ré-ensauvager les jardins et que je vous partage cette newsletter.

Je crois vraiment qu’il est possible d’avoir un impact positif sur le vivant, en ne contraignant pas mais en accompagnant. Promis je développerai tout ça dans les prochaines newsletters.


À jeudi prochain.

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On discute ?

Toutes les semaines je vous propose de me poser vos questions, de partager vos témoignages ou simplement de donner votre retour sur la newsletter. Je vous répondrai dans la newsletter de la semaine suivante 😇 Participer.

Message anonyme

Bonjour, super idée le kit de ré-ensauvagement ! Cependant peux-tu nous donner plus d'infos : quand faut-il semer les fleurs, est-ce qu'elles sont faciles à planter et à entretenir ? Merci

Message de Emilie

Bonjour Quentin est ce que ton kit convient à toute les régions de France et si je suis exposé plutôt nord cela va pousser ? Merci

Bonjour à vous deux, j’ai choisi de traiter vos messages ensemble, car ils portent sur le même sujet. Déjà merci, je suis heureux que le kit pour ré-ensauvager vous plaise. C’est un gros travail qui m’a demandé du temps, alors ça fait chaud au coeur de voir que les plantes sélectionnées vivront un peu partout en France.

Déjà, je peux vous dire que les plantes choisies sont faciles d’entretien. Le but étant qu’elles soient au maximum autonomes. Néanmoins, il faudra tout de même veiller à les implanter là où elles seront le plus à leur aise. Tout est bien expliqué dans le kit ne vous en faites pas. Parfois il suffit simplement de gratter la terre et de la maintenir humide pour que les graines poussent. Parfois, comme le tournesol, il faudra faire attention aux limaces. Certaines plantes sont adaptées au printemps (petit pois, pimprenelle, scabieuse), d’autres plutôt à l’été (tournesol, cardere, fenouil). Je vous mets le lien vers la boutique Kokopelli, vous avez la liste des plantes et accès aux infos précises les concernant.

Car tout dépend de ce que vous voulez faire avec ces plantes. Si vous voulez que le maximum de graines prennent, alors il faudra bien suivre les indications de culture. Sinon vous pouvez tenter des semis un peu partout là où il y a de la place, et regarder la nature faire.

Concernant l’exposition Nord, eh bien cela dépend aussi. Les plantes ont besoin de chaleur pour germer et se développer. Mais le trèfle, la scabieuse et le primprenelle peuvent s’en accommoder. Tout dépend s’il y a du soleil dans la journée ou non.

Voilà j’espère vous avoir aidé :)

À la semaine prochaine, Quentin

La saison 2 du podcast est sortie !

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