Comment ré-ensauvager les jardins ?

Chaque jeudi, recevez une fiche pour : apprendre à reconnaitre une espèce, comprendre son rôle dans l'écosystème et savoir comment la favoriser. Car comprendre c'est le début de la préservation 🐞

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Par Quentin Laviepartout
19 oct. · 3 mn à lire
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Essentiels mais mal connus : les collemboles

Minuscules, ils passent inaperçus, pourtant ils sont essentiels à la vie du sol et donc aux jardins vivants.

Tiens c'est quoi ce machin ?Tiens c'est quoi ce machin ?

Où vivent les collemboles ?

La plupart vivent dans les premiers centimètres du sol, à l’abri de la lumière directe. Mais certains se trouvent également au-dessus du sol, voir jusque dans les arbres. Regardez sous vos pots de fleurs, dans votre compost, sous les feuilles mortes : vous verrez surement de minuscules petits collemboles.

Les collemboles sont une famille à part. Cousins des insectes, dont ils ont été longtemps été considérés comme des ancêtres primitifs (sympa). Le groupe des collemboles est composé de nombreuses espèces différentes. D’ailleurs, ils sont connus comme étant les plus anciens des hexapodes fossilisés, puisqu’ils étaient déjà présents il y a 400 millions d’années.

Sur une allumette © Jérôme PicardSur une allumette © Jérôme Picard

© Jérôme Picard© Jérôme Picard

Difficiles à voir

Les collemboles sont minuscules et la plupart font moins de 3mm. Mais il existe des spécimens qui peuvent aller jusqu’à 9mm. J’en profite pour vous conseiller d’aller voir le travail du photographe Jérôme Picard qui est à l’origine de la plupart des photos qui illustrent cette newsletter. Bravo à lui pour son travail exceptionnel. Mais revenons aux collemboles.

Collembole qui aime le pollen ©  Jérôme PicardCollembole qui aime le pollen © Jérôme Picard

  • Ils sont parfois de couleur vive mais le plus souvent on en trouve des gris foncé, des blanchâtres, jaunâtres ou bleuâtre.

  • Pour la tête : pas d’yeux mais jusqu’à huit ocelles, des organes sensibles à la lumières, ainsi une bouche pouvant broyer, sucer ou piquer (pas vous hein) selon l’espèce et l’humeur du jour 

  • Pour le corps : un abdomen composé de six segments, qu’on peut rapprocher de ceux de la crevette 

Petite caractéristique stylée : ils possèdent une furca, une sorte de ressort qui leur permet de fuir en l’espace de quelques millisecondes en se propulsant jusqu’à 16cm en hauteur. Pour des individus ne dépassant globalement pas les 3mm, ça fait déjà sacrément haut !

Alors ça mange quoi un collembole ?

La majorité des espèces sont saprophages, ce qui signifie qu’elles se nourrissent de matière en décomposition (débris végétaux, animaux ou fongiques) ainsi que de micro-organismes. Et le truc, c’est qu’ils sont TRÈS NOMBREUX. Mais vraiment. Ils sont entre 10 000 et 100 000 individus par mètre carré de terre.

Alors autant vous dire que leur rôle dans le recyclage la matière organique est considérable, mais ce n’est pas tout.

Collembole juvénile en train de se nourrir Collembole juvénile en train de se nourrir

Leur rôle dans l’écosystème

Les collemboles ont un rôle absolument essentiel dans la dissémination et le contrôle de la microflore du sol et participent ainsi indirectement à la transformation de la matière organique et au cycle des nutriments.

Comme on l’a vu plus tôt, les collemboles se nourrissent de la matière en décomposition. Prenons l’exemple des feuilles mortes. Lorsque celles-ci tombent au sol, elles sont rapidement colonisées par des champignons microscopiques, dont les spores sont disséminées par les collemboles.

Une fois que les champignons ont développés leurs hyphes (grands filaments blancs que l’on peut parfois apercevoir en forêt), ceux-ci sont mangés par les collemboles, qui régulent ainsi le développement de ces espèces, notamment de celles pathogènes.

Leur nombre, ainsi que la présence d’une multitude d’autres espèces, leur permet de mener à bien cette mission. En l’absence de ces animaux, un grand nombre d’éléments resteraient immobilisés au sein de la biomasse et ne seraient pas accessibles pour permettre aux végétaux de se nourrir.

Bilobella aurantiaca - Taille : 0.8mm © Jérôme PicardBilobella aurantiaca - Taille : 0.8mm © Jérôme Picard

Orchesella cf. pulchra - Taille : 2mm © Jérôme PicardOrchesella cf. pulchra - Taille : 2mm © Jérôme Picard

Comment les favoriser ?

Eh bien c’est assez simple, il faut les laisser tranquilles. Comme beaucoup d’espèces les collemboles sont sensibles aux pesticides et aux polluants. Il est aussi possible de pailler le sol avec des feuilles mortes, de laisser le compost se décomposer dans un coin tranquille ou tout simplement… de ne rien faire. Un jardin trop propre est un jardin sans vie, alors ne nettoyons pas trop et laisser les petites bêtes s’en occuper. D’ailleurs je développerai les différents refuges à créer pour la petite faune, dans une prochaine newsletter .

Le sol digère tout (enfin presque)

Pour moi le sol, c’est un peu le système digestif de la Terre. La matière organique qui tombe au sol sera “digéré” par la vie du sol. On ne s’en rend pas bien compte, mais un quart de la biodiversité totale de la planète se trouve dans le sol et contribue à son bon fonctionnement. La vie du crée “crée” le sol, lui donne sa fertilité et sa texture.

C’est la vie du sol qui permet à votre compost de se décomposer et donc à vos légumes de pousser. Bref la vie attire la vie.

Mais plutôt que de vous faire le topo ici (car c’est un peu long) je vous invite à écouter l’épisode du podcast “d’où vient le sol ?”. 10 minutes qui vous permettront de tout comprendre sur le sujet.

Le podcast La vie partout
est toujours disponible !

⏱️ 10 minutes par épisode

Les épisodes sont conçus pour se compléter, tout en s’écoutant séparément. Ils peuvent sans problème s’écouter avec les enfants.

SAISON 1 : la forêt du sol aux branches… jusqu’aux incendies

SAISON 2 : vous saurez tout sur le monde vivant en automne

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Pour que La vie Partout ne dépendent pas de la publicité, j'ai lancé une cagnotte. Merci à celles et ceux qui sont déjà abonné.es, grâce à vous j’ai pu lancer la saison 2 du podcast<3

En ce moment je travaille avec une illustratrice pour créer des fiches illustrées aidant à comprendre le vivant. L’argent généré par la cagnotte permettra de la payer le mieux possible.

Car il n’y a pas de raison que la passion, ça ne paye pas :)

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